Situations créées par l’élève pour externaliser l’échec

Cet article est destiné aux coachs et professeurs de danse ayant des élèves chevronnés

Ce concept, bien connu des Entraîneurs et Professeurs de danse, s’appelle l’auto-handicap. Il a été décrit pour la 1ère fois, sous ce nom, par Jones et Berglas en 1978.

Afin de préserver son estime de lui, le danseur, va inconsciemment générer régulièrement une pléthore de circonstances et situations indépendantes de sa volonté, qui pourront l’excuser d’un éventuel échec : il se ment à lui-même.

Jones et Berglas décrivent ce processus comme des excuses sciemment mises en place. Je pense, qu’au contraire, les compétiteurs ou danseurs de haut niveau dont nous parlons ici, peuvent y recourir de manière instinctive, non réfléchie. Entraineurs et professeurs de danse, reconnaitrons quelque uns de leurs élèves dans cette description.

Le danseur cherchera, à l’aide ce cet automatisme d’auto-handicap, à préserver son image du regard et du jugement d’autrui.
Ce concept apportera davantage de valeur à sa réussite. Sa performance sera beaucoup plus appréciée.
Cet auto-handicap peut revêtir différentes excuses :

  • un manque d’entrainement, de préparation avant la compétition ou avant d’entrer sur scène
  • un souci de santé
  • un stress lié à des supporters hostiles,
  • les erreurs du partenaire,
  • la valorisation d’autrui (le concurrent est avantagé pour telle ou telle raison)
  • une gène occasionnée par le mauvais son de la musique, un éclairage aveuglant, une piste glissante..

ou pire, ces 9 situations à la fois !

Si le danseur réussi malgré un de ces facteurs externes, susceptibles de provoquer sa contre performance ; il sera alors crédité de compétences exceptionnelles.

Résumé de la situation

Grâce à l’auto-handicap, l’estime de soi du danseur est protégée en cas de contreperformance et augmentée en cas de réussite. Le danseur s’est sécurisé et valorisé vis-à-vis de ces propres résultats, qu’ils soient bons ou mauvais.

Chers entraineurs et professeurs, ne tombons pas dans l’agacement au regard ce cette réaction qui, en général, s’accentue au fil du temps chez le sujet « atteint ». Sachant que ce processus risque, à la longue, de lui couper sa progression, voir de le faire régresser ; ne jugeons pas, faisons lui sincèrement confiance. Nous réussirons à le reformater.
Ne faites pas la confusion avec le danseur qui, exceptionnellement a un problème. Il n’est pas coutumier du fait et ne fait pas état de son environnement et des autres pour rendre plausible sa contre-performance.

L’élève sujet à l’auto-handicap, traine derrière lui un passif soit de mauvais résultats soit de manque de reconnaissance pouvant n’avoir aucun rapport avec la danse. Inconsciemment, il ressent un manque de compétences.

L’élève ne veut plus souffrir de ces précédents échecs et de dévalorisation.

Il conviendra de le rassurer sur votre confiance en lui. Il n’a donc plus besoin de se justifier

Il vous faudra trouver un processus pour créer une frontière avec son ressenti du passé et ce danseur qu’il devient aujourd’hui grâce à vous.

Il vous faudra contrer ses allégations, tout en lui redonnant confiance. Par exemple, lui montrer que la piste est glissante pour tous les autres concurrents et pas que pour lui. Lui donner des conseils pour gérer la glissance du sol.
Lui demander une performance sur lui-même et faire régulièrement l’état des lieux de ses progrès, peu importe ses résultats en concours.

Pour réaliser un double salto, ou exécuter parfaitement des fouettés double, (ce ne sont pas les mêmes disciplines !) il faudra patienter encore un peu !

N. BOST